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Les histoires d'Elise
21 mars 2006

Arrivée à Ruatho

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Je m'appelle Moreta. Moreta Orlithe. Depuis ma tombe où je gis désormais, je vais vous raconter une très longue histoire. L'histoire de ma famille… Ma famille, que dis-je ? De mon clan ! De la force que j'ai implanté à Ruatho en m'y installant, fécondant cette vallée stérile de ma descendance…
Quand je suis arrivée à Ruatho, j'avais, quoi ? 22 ans, je crois, et une plus solide expérience de la vie que n'en laisse présager ce joli minois de blonde. Mon père, Jommy Cross avait construit un empire financier dans une ville maintenant très éloignée de moi… Il était tellement occupé à gagner toujours plus d'argent qu'il en a négligé ma mère, Lili Orlithe, l'essentiel de sa vie, trouvant juste le temps de lui faire une fille, et encore…
Quand est venue ma majorité, ma maman, la pauvre Lili, n'était plus de ce monde, rongée par l'amertume d'avoir passé son existence dans l'ombre de ce grand homme qu'elle avait tellement aimé, il y a si longtemps.

Un jour, Père est venu me trouver et m'a clairement signifié qu'en temps qu'unique héritière, il était temps que je prenne ma place à sa droite, et que j'apprenne le métier.
Une scène terrible a suivi cette annonce. J'ai pleuré de rage, j'ai crié, j'ai supplié… Rien à faire. Père est resté inflexible, emmuré dans son armure d'indifférence. Il se moque que je pleure encore maman. Il se moque de savoir si ça m'intéresse ou pas de faire ce que lui veut que je fasse.

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Ce soir là, je m'en suis aperçue : je suis une étrangère pour lui, seul mon lien de sang l'intéresse, pour placer quelqu'un à sa succession. Apparemment, il est très important pour lui que l'entreprise qu'il a fondée reste gérée par sa chair et son sang. Me sentant peu disposée à le satisfaire et à m'enchaîner pour la vie à cette entreprise cannibale qui m'avait volé tour à tour mon père et ma mère, j'ai fait mon baluchon et je suis partie.

J'ai bourlingué longtemps, j'ai fait de nombreuses choses différentes et rencontré beaucoup de monde. Mon voyage vient à peine de se terminer, à Ruatho, vallée quasi déserte, mais dont je n'ignorais pas l'existence ! En effet, maman possédait un bout de terrain, là-bas. A vrai dire, c'est même un sacré bout de terrain, maintenant que je le vois ! Il s'étend, là derrière moi, encore vierge de toute habitation.

Maman m'avait donné le titre de propriété il y a quelques années. Ces terres sont dans sa famille depuis longtemps, mais personne n'en a jamais rien fait. Et bien, je crois que je vais en faire quelque chose, moi ! Bien sur, j'ai peu d'argent en poche, 4800 simflouzes, c'est peu, mais je devrais pouvoir au moins me faire construire un toit sous lequel dormir.
Et surtout, accomplir la destinée de maman, en même temps que faire un sacré pied de nez à mon père (qui a récemment réussi à trouver un fils illégitime à former… Tiens donc, il avait quand même le temps de s'offrir des aventures!). J'ai repris le nom de maman, n'ayant que peu de choses en commun avec l'autre, et je compte bien répandre ce nom à Ruatho. Je compte bien aussi arriver à construire moi aussi un empire pour contrer Père… après tout, j'ai bien appris quelques ficelles du métier, en le voyant faire !!

 

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 Voilà, la cabane est finie, je suis prête à m'installer ! C'est frustre, mais ça ne me dérange pas. Après tout, se lever le matin et sentir ses doigts de pied chatouillés par des brins d'herbe, ça n'est pas donné à tout le monde !! Ça donne un côté très champêtre et je me suis persuadée que venant de la grande ville, c'était un véritable privilège !

J'ai réussi à trouver quelques meubles pas trop usagés dans le centre ville. Au passage, c'est à peu près tout ce qu'il y a ici : un ridicule petit centre-ville, avec quelques boutiques, et des autochtones… Tiens, à propos d'autochtones, on ne peut pas dire qu'ils soient farouches ! Hier soir, j'en avais 4 dans la maison… Tous en train de se battre pour aller aux toilettes, bien évidemment ! Misère, si seulement j'avais eu les sous pour faire un seul mur supplémentaire !! Mais maintenant, je n'ai plus que 30 $ en poche, pas moyen de faire la moindre dépense (heureusement, dans cette ville, lorsqu'on vous vend un frigo, il est déjà rempli… Etrange, mais pratique!). Il faut rapidement que je trouve un travail. Certes, il sera alimentaire mais bon, il faut bien commencer quelque part !

 

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J

'ai trouvé un boulot… et un ami ! Quel faste !
Pour le boulot, je suis agent de sécurité dans la supérette du coin… Bonjour tous les mecs qui passent en me reluquant !
Moi-même, je n'aurais pas dit que j'ai le profil de l'emploi, il faut des biscottos et… heu… des biscottos. Il va falloir faire un peu de gym, histoire de leur montrer que je suis capable de maîtriser un dangereux voleur de poulet surgelé… Et rabattre son caquet au directeur de la supérette qui ne m'a pas caché qu'il m'embauchait "faute d'autres candidat". Humpf !! Il arrivait à peine à cacher un rictus méprisant.
Pour l'ami, il s'appelle Florian et il a l'air de se sentir déjà parfaitement à l'aise chez moi. Regardez moi ça, je suis en train de partir au boulot et il est déjà en train de glandouiller sur le lit. J'avoue que je ne le trouve pas désagréable, ni physiquement ni rien, il est plutôt sympathique, mais ce petit côté sans gène me dérange un peu.

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Enfin seule ! Quand je suis revenue du boulot, Florian partait, mais il n'en a pas moins profité pour me faire de nombreuses avances, et tenter de mater lorsque je me suis changée pour faire un peu de sport (et oui, il faut garder la forme si on veut pouvoir courir après les voleurs de poulet surgelés !). Au moins, il n'a pas froid aux yeux celui-là !
J'avoue que mon caractère trouve du répondant chez lui, et ça me fait me sentir plutôt bien avec lui… Avant de partir, il m'a prise par les épaules et en a profité pour passer longuement sa main dans mes cheveux. Le prétexte était amical, mais je sais bien que cette longue tignasse blonde attire les hommes… Mais je ne dis pas que j'ai trouvé ça désagréable… Je dirais même que ça ne me dérangerait pas qu'il recommence. Non, ça, pas le moins du monde…

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Bon, comme on dit, emballé, c'est pesé ! Il a fallu à Florian de longs mois d'une cour assidue avant qu'il se passe quoi que ce soit. Son côté dragueur me déplaisait considérablement, même si, à côté, son charme ne me laissait pas insensible (mis à part son éternel bermuda à carreaux que j'ai fini par avoir en horreur). Maintenant que je raconte cette histoire, je pourrai résumer notre histoire à : il m'a eue à l'usure !

Mais pas sans mal pour lui car j'ai posé mes conditions ! Après m'avoir déclaré sa flamme, une seule chose comptait pour lui : le passage aux… hum… disons… "choses concrètes de la vie". Ça, pour sur, ceinture ! Je lui ai clairement dit qu'il n'aurait pas ce qu'il voulait avant qu'on soit au moins officialisés en tant que couple, et qu'il se soit installé chez moi. Car, pas question de quitter ma maison et mon terrain, malgré l'inconfort (temporaire de toute façon) et puis en plus, il habitait encore chez sa mère, alors… toutes considérations prises pour ma proposition, il s'est absenté 3 heures pour revenir poser ses valises sur mon perron.
J'ai aussi eu la bonne idée d'exiger de lui l'ouverture d'un compte commun où il a déposé toutes ses économies (12 000 $, ça rapporte d'habiter chez maman). Il a bien tordu le nez quand on a fait les papiers, se sentant de plus en plus la corde au cou, mais c'était ça où il me perdait. Et, je dois avouer que j'exerce une certaine attraction sur les hommes (c'est encore les cheveux, ça sûrement!)…

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Au début, on s'entendait très bien, même si je trouvais qu'il me demandait trop souvent de le rejoindre au lit et puis dans d'autres endroits incongrus, aussi… Emportés par la fougue de déménagement, et puis peut être par une très vague envie de la part de Florian d'avoir un chez-lui comme avant chez maman, on s'est fiancés, puis mariés. Rétrospectivement, je dirai qu'il s'en est mordu les doigts, il avait troqué sa liberté contre un foyer dans lequel je faisais le minimum. J'avais intégré l'école des officiers depuis peu, et cette formation me prenait la majorité de mon temps libre.
Et puis la vie a pris son train-train et la lassitude s'est installée à une vitesse fulgurante.
Lui était cuisinier, (mais n'en préparait pas pour autant les repas à la maison, bien sûr) et n'avais guère d'ambition. C'est moi qui ai du le pousser, le tirer pour qu'il monte en grade, et encore, quand je le collais au télescope pour qu'il travaille un peu son esprit logique (faut bien ça pour faire cuistôt), dès que je tournais le dos, il ôtait son œil de l'objectif et regardait autour de lui d'un air particulièrement maussade. Le reste du temps, quand il n'était pas au travail et que j'en avais marre de le pousser à bosser, il restait devant la télé en marcel et caleçon (beuh, nous voilà bien loin de sa cour, certes sans finesse, mais au moins ardente, des premiers temps). Et le peu de discussion qu'on avait tournait autour du fait de savoir si j'étais disposée ou non à satisfaire à ses envies…

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Et comme je sais quand même ce que je veux, c'est arrivé (bien sur, Florian n'était pas au courant, sinon, pensez,  il aurait probablement mis moins d'ardeur à sa participation à ce projet) : je suis enceinte. Certes, vous me direz, ça n'est peut être pas le bon moment dans ma vie, mais… c'est plus fort que moi. Je veux donner le jour à un être de mon sang, qui portera mon nom jusqu'à la prochaine génération (je ne vous ai pas parlé d'une condition supplémentaire que j'avais posé à Florian ? Il a du prendre mon nom en m'épousant. A bas les traditions !).
De toute façon, je patauge un peu dans mon école d'officier, j'ai la sensation que je n'y arrive pas, peut-être que quelques mois d'éloignement remettront les choses en place…
Et pour ce qui est de mon couple… Je suis sure que Florian a des aventures a droite à gauche, même si je n'en ai aucune preuve. En plus, il ne sait pas trop de quel bord il est, il ramène où Abdel ou Irène à la maison. C'est dingue ce que ces gens sont fatigués, je les trouve systématiquement dans le lit quand je rentre du boulot, avec Florian qui traîne en caleçon dans la cuisine en essayant de dissimuler son air béat. Mais ça m'importe peu. Le futur amour de ma vie, c'est mon enfant à naître.

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Florian n'était pas encore au courant, pour notre enfant. Je l'ai gentiment appelé, fait installer sur le lit, l'air de dire "on va faire un câlin" et puis je lui ai tout déballé. Il a le droit d'être au courant, et de toute façon, il s'en apercevra forcément. Je ne peux pas dire que ça se soit bien passé… il a fini par se lever et par faire les 100 pas dans la chambre, tempêtant contre "ces bonnes femmes qui n'en font qu'à leur tête". Il a dit des mots très durs, m'a demandé si j'estimais que je ne l'avais pas suffisamment enchaîné, qu'il fallait que je rajoute par dessus ça la paternité. Il en a d'ailleurs émis des doutes sur l'identité du père, m'accusant de toutes sortes de coucheries diverses avec tout le voisinage.
Cette dispute a, je crois, marqué le point final de notre mariage. Du moins, de mon côté. Lui, allez savoir pourquoi, puisqu'il aurait été si bien libre, a tenté plusieurs fois de recoller les morceaux. Mais ça n'a pas fonctionné. Juste assez pour que je consente à partager son lit, et ça, seulement pour dormir. J'étais blessée par ces accusations infondées, d'autant que moi, je le soupçonnais, lui, d'infidélité.
Malgré tout, nous ne nous sommes pas séparés. Pour le reste, nous étions un couple qui fonctionnait, dans la vie. Des amis, de l'argent qui rentrait régulièrement, oh, pas des cent et des milles, mais suffisamment pour qu'on agrandisse petit à petit la maison.

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Une maison qui s'agrandissait, mais le nettoyage était toujours pour moi ! Ce soir là, je m'en souviens encore, je ruminais de très sombres pensées. Je lui en voulais énormément de me laisser entretenir la maison sans lever le petit doigt, alors que j'étais enceinte jusqu'aux yeux ! Mais quand je lui avais fait la remarque plus tôt dans la soirée que la salle de bain était crade, ainsi que la cuisine, que notre chambre était en bazar et que la chambre du petit, récemment construite, était encore pleine de plâtre et de copeaux de tapisserie, il m'avait répondu d'un ton acide que puisque j'avais voulu cet enfant, il fallait que j'assume jusqu'au bout. Il n'allait pas nettoyer plus qu'avant sous prétexte que je m'essoufflais facilement.
J'ai honte de ces pensées et de ces projets qui m'ont traversé l'esprit, mais la rage m'habitait tandis que je récurais la douche. J'imaginais mille façon de le faire souffrir, ou de la faire disparaître da ma vie, étant donné qu'il n'était plus qu'un poids pour moi. Mais bien sur, je n'ai rien fait. On ne se débarrasse pas des gens comme ça malheureusement. Et puis il pouvait m'être utile, car il briguait actuellement un poste qui lui permettrait de nous ramener à la maison une machine industrielle à chocolat, machine qui nous arrondirait confortablement les fins de mois.

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Ma grossesse ne s'est donc pas passée sans mal. Florian et moi étions désespérément en froid… Je ne voulais même plus partager son lit et lui, en mufle qu'il a toujours été sous ses airs charmeurs, m'a dit : "Le lit, c'est comme pour le ménage. Tu crois quand même pas que je vais dormir dans le canapé sous prétexte que Madame ne supporte pas ma présence à côté d'elle ? Moi, je dors dans le lit, et toi, tu fais bien ce que tu veux".
Ça a au moins l'unique mérite d'être clair. J'ai donc passé de nombreuses nuits à essayer de dormir sur ce canapé. Et j'ai fini par aboutir à la conclusion que j'aurais du choisir un convertible. La plupart du temps, j'essayais de me retenir de ne pas glisser, pour ne pas finir par terre. Et allez faire ça avec un ventre de femme enceinte de plus de 7 mois ! J'étais épuisée, même en plein congé maternité… J'ai donc fini par ravaler mon orgueil et rejoindre Florian au lit. Mais il ne l'emportera pas au paradis, foi d'Orlithe !

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Et voilà… Après 12 heures en salle de travail (Florian avait fini par m'emmener à la maternité de mauvaise grâce, mais je crois que mes hurlements de douleur lui avaient fait peur. Comment aurait-il expliqué la présence d'un cadavre dans notre maison?), Robinton a rejoint notre famille… Aahh, mon fils premier né. Quel bonheur ! Il porte mon nom et le transmettra à travers les âges. En plus, il a mes yeux légèrement en amande, aucun doute, il s'agit donc bien d'un Orlithe.
Lorsque nous sommes rentrés de la maternité, j'ai eu comme la sensation que Florian perdait un tout petit peu les pédales. Pas de doute, lorsque j'étais absente, monsieur avait du bien en profiter pour faire des galipettes avec tous ses collègues qu'il nous ramenait du travail. Il avait pris de l'argent sans m'en parler pour faire construire une cabane dans la jardin, fermée à clé, mais que je suspectais être sa garçonnière. Voulait-il me tester, me forcer à partir en lui laissant tout ce que nous avions construit jusqu'ici ? Il amenait maintenant ses amants et maîtresses sans aucune vergogne sous mon nez, allant s'enfermer avec eux dans son cabanon.
Peu m'importait, j'avais Robinton, et mon amour pour Florian s'était fait la malle depuis belle lurette ! Et en plus, j'avais Jacques… Je ne vous ai pas parlé de Jacques ?

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Jacques est venu à mon retour de la maternité. Florian avait tellement délaissé la maison durant mon séjour (j'avais renvoyé la bonne, ne voulant quand même pas lui laisser des tentations sous le nez) qu'elle était pleine de cafards. Beuark ! C'est pas bon pour mon bébé ni pour moi, ça ! Alors j'appelle la mairie et la secrétaire me dirige vers une entreprise de désinsectisation locale, que j'ai fait venir.
C'est là que j'ai connu Jacques. Il est venu nettoyer ma maison de mes cafards, et je ne pouvais détacher mes yeux de lui. Là aussi, je me suis fais prendre au piège, mais cette fois par l'amour, l'honnêteté et la gentillesse. Car c'est tout ça mon Jacques.
Je ne suis pas partisane de tromper mon mari pour le punir de m'avoir trompée, aussi, lorsque mes lèvres et celles de Jacques se sont frôlées la première fois, c'était uniquement par amour. Car je crois que je peux l'avouer. Je suis désormais amoureuse de Jacques…

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Notre liaison a duré longtemps, s'enrichissant avec le temps. Florian se moquait totalement de l'éducation de Robinton et continuait à courir les jupons (et les caleçons également…). Jacques s'est mis à faire de plus en plus en plus partie de notre vie. Il était là aux anniversaires, pour toutes sortes d'événement heureux, et faisait partie intégrante de l'environnement de Robinton. Il aimait mon fils, aussi, comme si c'était le sien, et je crois bien que Robinton l'appréciait aussi, si je dois en croire le nombre de "Zac ? où Zac ? Veux Zac !!" que j'ai entendu en élevant mon fils.
Bien évidemment, Florian a fini par comprendre, au bout d'un certain temps, que je vivais une aventure avec Jacques. Lui-même continuait à coucher à tout va, mais subitement, il a pris conscience que je ne lui étais plus fidèle. Et là, incroyable mais vrai, le drame !

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Florian m'a trouvé blottie dans les bras de Jacques un jour qu'il rentrait du boulot un peu plus tôt. Je l'avais moi même surpris l'avant veille une fois de plus avec Abdel, mais sans doute blasée par l'habitude, je n'avais rien dit de spécial. Mais, Florian, lui, a réagi de façon incroyablement violente. Il a pleuré, m'a supplié de laisser tomber Jacques, m'a dit des choses que je trouvais invraisemblables : il ne pouvait pas vivre sans moi, il m'aimait désespérément…
C'était à n'y rien comprendre ! Cet homme me faisait cocue depuis des années avec tout ce qui lui passait sous la main (hum!), mais ne supportait pas la réciproque ! Je suis bien d'accord que ça n'avait rien de moral, mais je ne comprenais pas la raison d'une telle scène. Après tout, pour moi, la passion du début s'était éteinte il y longtemps.
Et au milieu de ses explications entrecoupées de sanglots : j'ai fini par comprendre. Florian était un authentique cœur d'artichaut. Certes, il avait beaucoup d'amant, mais il les aimait tous. Et il m'aimait toujours moi… Quelle révélation ce fut ! Par la suite, j'ai un peu moins vu Jacques et Florian a tout fait pour recoller les morceaux entre nous. Je dois avouer qu'il m'a même surprise, avec toutes ces attentions… Tellement que je me suis laissé aller, et que nous allons avoir un deuxième bébé… Une petite fille qu'on pourrait probablement qualifier d'enfant de l'amour…

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Cette grossesse s'est beaucoup mieux passée que la première, Florian était beaucoup plus présent qu'avant. La "crise Jacques" avait remué un certain nombre de choses dans notre vie. Déjà, Florian avait fini ce livre de recettes asiatiques qu'il avait commencé il y a plusieurs années. L'inspiration lui était revenue, m'a-t-il dit… Quel personnage étrange tout de même. En tout cas, la vente de son livre nous a rapporté beaucoup d'argent. Ça, plus les primes que je gagnais en enchaînant les promotions (j'étais désormais affectée au service des douanes, mais je préparais assidûment le concours interne pour passer inspectrice), ça nous a permis de faire agrandir la maison. J'ai l'impression que depuis que je suis arrivée à Ruatho, nous ne sommes jamais sortis des plâtres ! L'extérieur n'a jamais été fini, Florian et moi ne sommes pas d'accord sur crépis ou briques, mais l'intérieur a subi de grandes améliorations ! Un grand séjour, une cuisine à part, DEUX salles de bain (grand luxe), notre chambre, la chambre de Robinton qu'il pourra partager avec sa sœur lorsqu'elle sera plus grande et une chambre d'amie qui ne va pas tarder à servir de pouponnière.

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Alors que je vis les deniers jours de ma grossesse dans un calme conjugal relatif, je m'aperçois avec tristesse du temps qui avance inexorablement. Mon petit bébé est déjà un petit garçon qui ne va pas tarder à faire son entrée au CP. Il parle, parle, parle sans arrêt, me racontant tous ses rêves de petit garçon. Et dieu sait qu'il en a ! Il veut faire tour à tour astronaute, rock star, X-men (bien que je lui ai expliqué qu'il ne s'agissait que d'un film… il veut à tout prix un pouvoir spécial et le réclame sans cesse à sa maman… ah, les joies d'être mère !!).
En ce qui me concerne, le temps, je l'ai arrêté. J'ai mis des sous de côté, discrètement, sur un compte personnel (oh, ne critiquez pas, je suis presque sure que Florian en fait autant… il nous a ramené un jour un jacuzzi Fol'amour, prétextant un destockage massif, mais je n'ai jamais réussi à trouver la facture dans notre compte commun), et je me suis acheté une potion rajeunissante. Bon, d'accord, au début, je n'y croyais pas, je pensais à une arnaque. Mais le fait est qu'à plus de 30 ans, je parais toujours en avoir 20…
Florian, lui, n'en profite pas. Je l'ai planqué dans la chambre du bébé, il n'y va jamais ! Et sur lui, on commence à le sentir, le poids des années. Il était déjà plus vieux que moi quand je l'ai rencontré, laissez moi vous dire que c'est une chose qui ne s'arrange pas avec le temps… Finalement, je l'aurai à l'usure, moi aussi, mon poids mort ! Pourvu qu'il me ramène sa machine à chocolat avant de claquer, je ne demande pas mieux !

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Bonjour Lessa ! Je vous présente ma petite fille, ma perle, mon ange, mon bonheur, Lessa ! L'accouchement a été moins pénible que le premier, je me sens à nouveau en pleine forme. Si ce n'était Florian… Celui-là ! Il s'amuse bien avec mon cœur ! A peine je lui pardonne et qu'on retrouve un semblant de vie conjugale, le voilà qui repart dans tout ses travers ! Il n'est venu me voir qu'une seule fois à la maternité, et manifeste autant d'intérêt pour Lessa qu'il n'en manifestait pour Robinton, c'est à dire zéro ! Mon dieu, le nombre de fois que cet homme a manqué me faire tourner en bourrique !
Alors, forcément, c'est Jacques qui m'a soutenue, qui m'a apporté des fleurs… ça a bien failli se terminer entre nous, lorsque je lui ai annoncé que j'étais enceinte de Florian. Il m'en a voulu horriblement, l'idée qu'un autre homme me touche le révulsait. Mais je lui ai expliqué les circonstances, la difficulté de faire front toute seule à tous ces problèmes, la famille que nous avions construite… Il a fini par se faire à l'idée. Et puis je crois qu'il est secrètement persuadé d'être le père de Lessa. Oh, il ne me l'a pas dit, bien, sur, mais, certains signe me laissent penser que… sa façon se scruter le visage de Lessa, pour y retrouver des traits caractéristiques, par exemple… De toute façon, il a beau scruter, je ne pense pas qu'il y voit quelque chose : la petite est blonde aux yeux bleus, c'est mon portrait craché !

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Aujourd'hui, j'ai eu une longue discussion avec Robinton. Il est très malin, et s'aperçoit bien de ce qui se passe entre ses parents. Il grandit et, Florian trouve enfin un peu d'intérêt à sa progéniture, alors ils discutent pas mal. Florian a voulut également l'utiliser comme alibi pour cacher ses absences avec ses amants et maîtresses. Ça, ça m'a mise en colère ! Robinton est resté beaucoup plus calme, on en a parlé à cœur ouvert car il sait que je n'ignore pas les tromperies de son père, il m'a dit qu'il avait refusé tout net et qu'il ne souhaitait pas s'immiscer dans notre vie personnelle. Ça, à mon avis, ça compte aussi pour moi si jamais me venait l'idée de lui demander avec qui est son père. Quelle maturité chez cet enfant ! Il faut dire qu'on n'a pas lésiné sur les jouets éducatifs !!
Il m'a ensuite longuement interrogée sur mon arrivée ici et sur ma famille, qu'il ne connaît pas du tout. Il voulait savoir comment j'ai atterri ici. Et devant une telle maturité, je lui aie tout raconté.
Après ça, il est resté pensif quelques jours. Il a fini par venir me voir en me disant :
-Dis donc, maman, lors de ta dernière saisie douanière, il me semble bien que tu as plus ou moins couvert un gros agent immobilier qui faisait de la contrebande de costume de mascotte des Lamas.
- Oui, si on veut. Disons que j'ai été la seule à croire à son innocence, donc j'ai allégé les charges autant que j'ai pu dans le rapport.
- Moui… Je pense que ça veut dire que cet homme là te doit un retour d'ascenseur, maman…
Et Robinton me laisse là, pantoise, me demandant comment j'ai fait pour avoir un fils aussi doué…

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